Les pressions sur le milieu
En France, plus de 60% des zones humides ont disparu depuis le début du 20ème siècle. Ces milieux longtemps considérés sans intérêt, ont été détournés de leurs fonctions afin de répondre à la pression urbaine de certaines villes ou pour être mises en culture. En dépit de la récente prise de conscience sur la valeur de ces milieux et de leur intégration dans des programmes de préservation (cadre réglementaire), les phénomènes de destructions et de dégradations perdurent et les milieux humides subissent encore de fortes pressions.
– développement de l’urbanisation et des infrastructures
L’étalement des zones urbaines induit l’imperméabilisation des sols, le drainage et le remblaiement des milieux humides. La pression urbaine est une cause majeure de destruction des habitats.
Pressions exercées :
- modification des approvisionnements et des circulations d’eau au sein de la zone humide,
- mitage et cloisonnement de l’espace,
- axe routier à proximité des habitats humides.
Dysfonctionnements associés :
- assèchement, remblaiement,
- rupture des connexions entre le milieu aquatique et le milieu humide,
- risque de pollutions accidentelles ou diffuses (voir article « Pollutions directes et indirectes).
– Intensification de l’agriculture
L’agriculture a permis pendant longtemps de maintenir l’équilibre entre biodiversité et activité économique (pâturage), mais l’augmentation des pratiques culturales intensives et l’abandon du pastoralisme ont entrainé une dégradation des milieux (voir article « Pollutions directes et indirectes).
Les prairies ont été drainées (asséchées) afin d’optimiser l’évacuation des écoulements vers le cours d’eau et permettre leur transformation en terres cultivables. La disparition des habitats humides a entraîné une diminution du nombre des frayères accessibles et favorables pour le brochet.
– Déprise et boisement des terres agricoles
Pour faire face à la déprise agricole, certaines prairies humides sont transformées en parcelles boisées. La colonisation de la zone par les espèces arborées plantées, entraîne une dégradation et un appauvrissement de la biodiversité. En effet la sylviculture, par drainage et par limitation de la strate herbacée et de l’ensoleillement, désavantage fortement le maintien des zones de frayères.
– Aménagement des cours d’eau
Les cours d’eau français ont subis de lourdes transformations physiques. La stabilisation des berges par des enrochements, la mise en place de digues, la rectification et le recalibrage des rivières afin de diminuer les épisodes de crues ou encore le remblayage de zones humides, ont fortement limité les accès aux ZHIP en déconnectant les parcelles du cours d’eau. Les écoulements sont canalisés afin d’être rapidement évacués, et de ce fait les périodes de submersions sont diminués voir supprimées, empêchant ainsi le maintien des ZHIP.
La présence d’ouvrages sur les cours d’eau se répercute de 2 façons sur les populations de brochet :
- L’impossibilité de remonter les cours d’eau à la recherche de frayère. On parle de frein à la migration holobiotique du brochet et à la continuité écologique.
- Les variations brutales des niveaux d’eau en amont comme en aval des centrales hydro-électriques ou des moulins, pouvant entraîner l’exondation des œufs et des larves.
– extraction des matériaux
Les extractions de matériaux en lit majeur touchent les zones humides alluviales. Elles disparaissent aux dépens des plans d’eau réaménagés. Aujourd’hui interdites, les extractions directement dans la rivière ont provoqué une incision du lit mineur et une déconnexion entre les zones humides et le cours d’eau.
– prélèvement d’eau
Les prélèvements excessifs dans le lit du cours d’eau ou dans la nappe induisent un assèchement précoce des ZHIP. L’accentuation régulière de ce phénomène est préoccupante pour le maintien de la qualité écologique des écosystèmes humides.
– Les espèces exogènes
Certaines espèces exogènes, floristiques et faunistiques ont un fort pouvoir de colonisation et entrent en compétition avec les espèces endogènes, pouvant entraîner un déséquilibre et /ou la destruction des habitats et des espèces inféodés à ces derniers.
Ces espèces peuvent engendrées des dégradations sur les zones de frayères en se nourrissant des plantes hélophytes et hydrophyte, et ainsi diminuer les supports de pontes et l’alimentation disponible pour le brochet. L’exemple typique est celui de l’Amour blanc.
D’autres espèces peuvent avoir un impact sur les populations de brochet, en se nourrissant des œufs ou des larves de toutes les espèces piscicoles, c’est le cas des 3 espèces d’écrevisses originaires d’Amérique.
D’autres espèces encore peuvent envahir le milieu à tel point qu’aucune autre espèce ne puisse plus s’y développer, c’est l’exemple de la Jussie.
Pollutions directes et diffuses :
Les produits chimiques utilisés par les industriels, les agriculteurs ou les viticulteurs sont dans la plupart des cas très toxiques pour le milieu aquatique. Parfois ces produits sont relâchés accidentellement dans les cours d’eau, et entraîne des mortalités de poissons extrêmement graves. Par pollution diffuse, on entend un déversement de produits sur la terre, qui, par lessivage des sols, se retrouvent dans les cours d’eau.
Ces pollutions peuvent affecter le développement des juvéniles. Par exemple, des chercheurs ont démontré qu’un excès de carbofuran (insecticide utilisé au printemps et coïncidant avec le développement larvaire du brochet, interdit depuis 2008) peut affecter le développement des larves par une inhibition de résorption de la vésicule vitelline (Amblard & al, 1998).
L’épandage de nitrates agricoles sur les cultures et le phosphores en provenance des eaux usées peuvent entraîner des problèmes d’eutrophisation. En effet, des apports excessifs de ces substances nutritives engendrent des modifications, voire des dégradations du milieu aquatique, via une production anormale d’algues.